La maladie à 23 ans
23 ans. Tu es invincible, rien ne t’arrêtes.
Mars 2013. 4 médecins me regardent dans une pièce. « Madame, on vous annonce que vous avez le cancer. » Un peu de la même façon qu’on t’annonce que tu as gagné un voyage aux îles Chanceuses. Bin voyons le cancer, j’ai 23 ans. C’est sûr qu’ils se trompent!
J’ai dû arrêter tout pour un moment. Ma session universitaire, mon futur stage d’été, mon travail. J’ai quand même pu terminer mes travaux d’équipe dans ma chambre d’hôpital, avec des coéquipiers en or qui venaient travailler avec moi. Le bonheur de s’entourer de bons amis!
Au même moment, le futur et moi, on a décidé d’arrêter notre relation sur un coin de mur d’hôpital. Je lui ai dit que j’allais le retrouver un jour, quand mon cœur allait être prêt à nouveau. Il est parti.
Mars 2013. Le vrai combat ne faisait que commencer : des centaines de tests, des dizaines de médicaments, une hospitalisation pendant plusieurs mois. Ta vie sociale s’évapore. À la place de prendre un cocktail avec tes amies, tu prends un cocktail de médicaments. Santé! Tu te promènes chaque jour avec ta jaquette bleue (point positif: ne plus chercher quoi mettre chaque matin – dilemme de filles) en mangeant de la fameuse bouffe d’hôpital. Ma seule sortie quotidienne était d’aller à la douche! C’est là que tu réalises à quel point chaque petite chose banale de la vie a une valeur inestimable lorsqu’elles te sont enlevées.
On va se le dire, on ne va pas se mentir. Chacun vit le combat à sa façon. Moi, mon plus gros coup a été la chimio. J’avais l’impression qu’on me déversait des litres de pesticides dans le corps pour tuer mes mauvaises herbes. Ton corps est secoué, il n’aime pas ça. Ensuite, il se venge, simplement! Il te fait perdre des cheveux, il te fatigue. Quand ton exercice quotidien se résume à monter un étage d’escaliers, tu te dis que tes 23 ans sont loin!
La vie t’envoie parfois des épreuves sur ta route. Durant ce moment-là, elle m’a regardée droit dans les yeux, en criant « ÉCHEC ». Mais, je me suis toujours promis de ne jamais la laisser gagner cette partie. J’ai sorti mes gants de boxe et j’ai tenu ma parole.
Le combat a été long. Sacrée maladie, tu m’as tirée hors de mon confort pas rien qu’un peu. Tu m’as amenée dans des places difficiles pour mon corps fragile. J’ai même failli baisser les bras une fois. Mon père me les a relevés et m’a dit de continuer, que le beau s’en venait. Faut toujours croire son père. Plus tard, mes feelings ont glissé sur mes joues. Ce jour-là, j’ai touché le fond. Et le fond, c’est vraiment dur. Rendu là, tu as deux choix : soit tu restes collé là ou tu te donnes une petite poussée pour remonter. Je peux seulement te conseiller de te relever, car ta vie en dépend. Et tu vas ensuite porter ta cicatrice sur ta peau ou sur ton cœur pour le reste de ta vie, avec honneur et fierté.
Finalement, j’ai recroisé le futur en octobre de la même année, et on a décidé de réessayer ensemble! Je remettais enfin les pieds à l’Université. Je retrouvais mon appartement et mon autonomie. Ma vie reprenait peu à peu son cours normal.
Depuis, les suivis sont bi-annuels. J’ai eu quelques rechutes, et j’ai recommencé à avoir quelques symptômes physiques il y a quelques semaines. Mais cette fois-ci, rien ne m’arrête. Je continue ma vie, mon quotidien, avec la même détermination et la même énergie. D’ailleurs, si vous me croisez dans la rue, jamais vous ne devineriez tout ce à quoi mon corps est confronté chaque jour et les dizaines de tests qu’il subi présentement chaque semaine. C’est la magie de la détermination.
Ça prend beaucoup de kilowatts d’énergie pour passer au travers les petites difficultés du quotidien. Mais il n’y a rien d’impossible lorsqu’on y croit vraiment.
Vanessa Racine
Je suis contente que tu as choisie de prendre une bonne route bon courage .